Le Ministre des transports fait une courte introduction en disant que les ministres européens cherchent à faire redémarrer l’aviation civile. Ils doivent s’entendre notamment sur une harmonisation des mesures sanitaires. Il indique que la filière aéro est une de celles privilégiées par le gouvernement. Il demande de faire un tour de table en commençant par les organisations syndicales.
FO est prise de court et se contente de remercier l’organisation de cette réunion.
La CGC enchaine en disant que leur syndicat est conscient des répercussions de la crise et s’attend à devoir accompagner des plans de restructuration et des plans de suppressions d’emploi.
La CGT reprend les points discutés avec le collectif aéro. En résumé :
- Ne pas transformer une crise conjoncturelle en crise structurelle. Les conséquences de la crise sanitaire ne sont pas connues. A ce jour, très peu d’annulation de commandes sur un carnet de commandes de plus de huit ans. Il est urgent de ne pas prendre de décisions hâtives qui pourraient être mortifères pour la filière par des pertes de compétences.
- Les donneurs d’ordres ont organisé la filière avec le « Risk Sharing Partner » qui met le tissu de la sous- traitance sous une pression intenable. Les donneurs d’ordres doivent assumer leur responsabilité car si la supply chain se « casse la gueule » c’est toute la filière qui se cassera « la gueule » à terme.
- Les décisions ne peuvent pas être prises que sous l’angle de la trésorerie. Il faut maintenir les investissements et la R&D pour que l’aviation joue son rôle complémentaire dans le transport en tenant compte des enjeux sociaux et environnementaux.
- Les pouvoirs publics doivent reprendre la main dans la stratégie de la filière et si des aides doivent être mises en œuvre elles doivent être placées sous contrôle démocratique et conditionnées par l’emploi et les projets.
- La diminution du temps de travail est une piste pour diminuer les impacts sociaux.
La CFDT lit une déclaration où il est surtout question du mauvais fonctionnement du CSF Aéro et sur le besoin du soutien des pouvoirs publics à la filière.
Après les syndicats de salariés, c’est le président du GIFAS et PDG de Dassault qui prend la main. Dans la filière aéro, il indique que c’est l’aviation civile qui est le plus touchée.
Le GIFAS remercie le gouvernement pour avoir agit dès le début du confinement avec l’activité partielle, l’injonction de liquidités et les garanties de prêts.
Il répond à la CGT en disant que les groupes prennent leur responsabilité car en relançant assez vite la production ils ont alimenté la supply chain.
Le GIFAS demande le redémarrage des vols commerciaux dans les plus brefs délais pour que les compagnies aériennes aient de la visibilité. Il en appelle à l’Etat pour soutenir la filière en alimentant la R&D et les projets.
Le GIFAS a mis en place une « task-force » pour analyser tous les problèmes rencontrés par les petites entreprises et essayer de trouver des solutions au cas par cas.
Puis c’est le PDG d’AIRBUS qui indique que la production va baisser de 40% pendant au moins deux ans. Il reconnait que les prévisions sont toutefois très difficiles à faire.
Il indique qu’il faudra prendre des mesures sévères sur l’emploi et sur les restructurations de la supply chain. Ça ne sera pas agréable mais c’est absolument nécessaire. Il remercie la CGC de sa clairvoyance.
Le PDG de SAFRAN remercie l’Etat français car dans des pays où il n’y a pas eu d’amortisseur social, Safran a licencié et fermé des sites. Il en appelle à l’Etat pour continuer le financement du chômage partiel et pour le financement de la R&D et R&T pour soutenir la filière. Il répond aussi à la CGT en disant qu’il n’est pas possible de soutenir la supply-chain à l’infini.
Le PDG de THALES vient sur le sujet du télétravail qui est une innovation qui devra être poursuivi mais en l’encadrant réellement. Lui insiste et il sera rejoint par le PDG de DASSAULT pour défendre la Loi de Programmation Militaire. Ils ne veulent pas que les budgets de la défense soient réorientés vers l’aviation civile.
Les représentants des PME / PMI sont conscients que les pressions mises par les grands groupes sont normales car la production est en diminution. Ils annoncent clairement que les entreprises les plus faibles ne pourront pas être sauvées mais que c’est une opportunité pour restructurer la filière. Ils remercient le gouvernement et le GIFAS pour leur soutien. Ils ne partagent pas l’analyse CGT. Ils ont profité de la croissance de l’aéro. Ils trouvent normal que la récession se traduise par de la casse ! Pour les PME / PMI les charges de personnel sont les seules sources d’économies donc il y aura de la casse.
C’est la Secrétaire d’Etat à l’industrie qui conclut la réunion. Elle confirme que le gouvernement fait de la filière aéro une priorité. Le gouvernement prépare un plan de soutien à la filière mais veut imposer des conditions à ses aides financières. La première c’est de travailler sur la décarbonation de l’aviation civile. La deuxième condition est que l’empreinte industrielle soit en France. Enfin les aides doivent permettre de travailler à l’industrie du futur.
La secrétaire d’Etat veut que le GIFAS lui transmette un état des lieux, entreprise par entreprise, pour intervenir notamment si des compétences critiques sont en jeu ou s’il y a des risques d’être racheté par des investisseurs étrangers.
Elle demande aussi un état des lieux sur les activités qui pourraient être rapatriées en France.
Sur le chômage partiel, tout ne s’arrêtera pas au 2 juin mais l’argent qui passe là ne peut pas servir à investir. Donc il faut trouver des alternatives pour en sortir petit à petit.
La réunion a duré 55 minutes !
Retrouvez ci-dessous la déclaration CGT
Bonsoir à vous tous,
La relance devra passer par une stratégie industrielle associé à l’Etat, condition sinequanone pour ne pas impacter un plus l’emploi, le tissus social des régions, travailler à l’industrie de demain, à de nouvelles perspectives en termes de futurs programmes.
Enfin, c’est via une relance à travers l’Union Européenne que les acteurs de la filière aéronautique pourront absorber cette crise.
Nabil Ben Hariz
Syndiqué Cgt, Safran Power Units